NON - DROIT DE MOURIR DANS LA DIGNITE(4)

Chantal Sébire est morte.

L’hypocrisie redouble.

On recherche et on se demande de quelle façon elle est morte. S’est-elle suicidée ou la maladie l’a-t-elle emportée ? Et on refile le problème à la justice comme si cela pouvait servir à quelque chose. Comptait-on faire une autopsie afin de connaître la cause de son décès et d’infliger à Chantal une double peine post mortem ?

Pourtant, son médecin de famille affirme que la mort naturelle est tout à fait probable. Après ces années de douleur, la carence juridique et l’ampleur des tabous deviennent la véritable question.

Chantal va bientôt être accusée d’avoir refusé des traitements qui ne lui laissaient apparemment aucun espoir de guérison ni d’apaisement de la douleur.

Les médecins bien-pensants ne supportent pas d’admettre que les effets secondaires de certaines molécules puissantes aboutissent souvent à une augmentation de troubles qui s’ajoutent à la douleur de la pathologie d’origine. D’autre part, il me semblait que les malades avaient tous les droits de refuser des traitements qui n’améliorent guère ou pas la situation. Alors tout le monde palabre sur les nuances de sens entre les termes « suicide » et « euthanasie ». Comme si, à ce stade, la personne avait encore l’énergie d’intellectualiser.

Ceux qui suivent aveuglément la morale chrétienne affirment haut et fort que l’on peut calmer toutes les souffrances. Ce qui est faux pour un certain nombre de malades en fin de vie.

Je ne comprends pas quelle est la différence éthique entre « une sédation de fin de vie » et « l’absorption d’un cocktail létal ». En quoi le fait de durer dans un état de léthargie rend-il plus humain que celui de rester debout jusqu’à la fin ?

Où se situe la liberté individuelle ? Que l’on soit guidé par une conscience religieuse ou que l’on soit libre-penseur, en quoi le fait de faire perdurer un corps sans âme ni conscience peut-il être une représentation de la vie ?

Au lieu d’aider les humains à mourir dignement, on leur impose de crever le plus lentement possible. Pour moi, ces comportements sont lâches et ne semblent pas assumer le réel. La fuite est permanente dans notre pays.

Responsabilité mais pas culpabilité ? Cela me ramène au scandale du sang contaminé.

Alors, les pouvoirs publics mentent en prétendant que ces cas extrêmes sont très rares. Quand on voit le nombre de demandes d’euthanasie dans les pays voisins, on aurait de quoi douter.

Je sens, au fond de moi, que les bigots sont aujourd’hui déstabilisés.

C’EST LE MOMENT DE NOUS RASSEMBLER ET D’AGIR.

Depuis Vincent Humbert, rien n’a bougé. Dans la mesure où nous avons un certain nombre de moyens de mourir sans devenir un monstre, un légume ou un zombi, pourquoi prolonger encore la douleur ? Quand aurons-nous le choix ?

En tant que descendante de trois générations d’athées, je demande la liberté de penser et d’agir différemment de l’Eglise qui ne représente rien pour moi.

La liberté ou la mort, source.

La loi est-elle faite pour tous ? Tous les cas de vie sont des cas particuliers. Le vide juridique contraint les médecins à prendre des responsabilités qui ne devraient pas leur appartenir et permet toutes les dérives. En France, on légifère trop souvent sous le coup de l’émotion. Il faudra peut-être penser à élaborer à froid un projet réfléchi.

Je suis outrée par tous les discours intellectuels que j’ai entendus depuis quelques jours. Comme si tous ces bien-pensants souhaitaient conserver un pouvoir sur leurs malades.

Pensez que vous aurez tous un jour, pour vous ou vos proches, à vivre cette situation, si cela ne vous est pas déjà tombé dessus...

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