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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 19:31

Mes premiers pas dans la vie

 

Le temps passe trop vite !!!

A ce rythme je vais atterrir en maison de retraite sans en avoir profité ... je vais donc mettre les bouchées doubles.

Faut dire qu'avec les parents je n'ai pas le choix ...

Ils ont des projets plein la tête et j'ai toujours peur qu'ils me délaissent ou pire qu'ils m'oublient dans un coin ! J'ai donc trouvé une solution. ..Dès que l'attention se relâche, je me manifeste .Et y a pas a dire j'ai trouvé la technique parce qu'ils rappliquent direct .

Comme je le craignais, cette maison est un vrai casse gueule .Tous les jours pour descendre le landau dans le jardin il y a trois marches à se taper... et faut que je m'accroche pour ne pas me retrouver a l'hosto. Un coup à droite et un à gauche. J'ai la tronche en vrac .Hé maman !

Je suis là. Tu veux te débarrasser de moi ou quoi ?

Putain j'ai qu'une envie c'est de marcher et de cavaler ou je veux.

Bon du calme DD le meilleur reste à venir ...

Cette maisonnette n'était qu'une étape pour que j'apprécie ma nouvelle demeure à sa juste valeur.

Je n'ai pas attendu longtemps et le jour de mes six mois en route vers le vrai château !!!!

Fini les marches meurtrières ici tout est de plein pied .Chapeau les parents, c'est un beau cadeau que vous me faites ! Maman me fait visiter les lieux et on commence par ma chambre. Une chambre pour moi tout seul juste à côté de celle des parents avec une grande baie vitrée donnant sur un grand jardin. Enfin pour le moment, c'est de la terre battue, mais j'entends parler de gazon et de plantation d'arbres d'ornements. Le terrain est immense. Faut que je me grouille à marcher car y a urgence.

Une autre chose qui me démange : m'exprimer! Parce qu’avec mamaman, et monpapa, c'est un peu nase comme conversation .     L'autre jour j'ai fait une tentative devant une amie de maman. « Attends ! » que je lui sors. Je vous dis pas la tête qu'elles ont fait ! Et du coup j'ai cru que j'avais dit une connerie, ce quii n’est pas mon genre.

Je vais donc attendre une peu pour récidiver, mais pas jusqu'à perpète quand même.

La première nuit dans ma chambre : trop top même si la tapisserie n'est pas à mon goût. De grosses fleurs bleus un tantinet gerbages. Merci les parents pour votre bon goût ! Je m'y sens quand même bien. Heureusement parce que vu le temps que j'y passe. Entre la nuit et la sieste combien me reste-t-il pour découvrir le monde ? Ben très peu.

Le matin je me réveille a 8h. Maman déboule dans la chambre dès que j'ouvre l'œil. Première série de câlins : J'ADOOOORE ! Puis avant que je pousse ma romance, elle chauffe le michelin.  Ensuite,  petite pause, et vers 9h30, le bain.

Au début le lavabo faisait l'affaire, mais comme je me tiens bien assis elle a opté pour la baignoire. Même pas peur ! Et là au moins je peux m'éclater. C'est pas comme ce couillon de Victor (un futur pote). Paraît qu'il gueule dès qu'il voit la flotte. Faudra qu'il change le mec parce que moi les trouillards ça me gonfle sérieux.

Au fait j'allais oublier... Sans crier gare j'ai deux râteaux qui se sont pointés a 4 mois. Autant vous dire que le pneu en a pris un coup ! Maman a bien compris qu'il fallait passer à autre chose sinon elle pouvait prendre des actions chez le fournisseur !

Je fais donc mes premiers repas à la cuillère et pour commencer des compotes de fruits. Sur le coup j'ai failli gerber mais depuis je m'excite dès que le pot arrive.

Au revoir à la tototte et bienvenue à la bonne bouffe !

 

Voilà tout à coup qu'ils m'ont installé une prison dans le salon. Un truc rond avec des filets. On se croirait au cirque ! Ou ils ont peur que je me barre ou ils me prennent pour un lion . La première fois, j'ai rien dit car ça m'a bien couillonné, mais maintenant je gueule quand je me retrouve là-dedans. Faut pas pousser quand même !

Du coup à neuf mois j'ai fait mes premiers pas devant leurs yeux ébahis. Et là je me suis dit : « A moi la belle vie et si ça va pas bye bye je me tire ! »

 

BEBE SPORTIF

 

Que dalle je suis repartie dans la cage illico presto ....la confiance règne !

Bien sûr dès qu'elle a une minute maman me sort de là car elle ne me quitte pas des yeux.

Vers dix-huit mois, n'en pouvant plus, j'ai escaladé le filet et au revoir ! Je me suis retrouvé dans le jardin. Fallait voir la tronche des parents qui me cherchaient partout et m'ont retrouvé .... dans la niche du chien ! Pas de panique la compagnie vous comptiez quand même pas me laisser là-dedans toute ma vie !!!

Donc sur ce coup, j'ai gagné. Et ma prison s'est retrouvée à la décharge municipale. Bonheur !

Maman raconte tous mes exploits à ses copines et en est très fière. Paraît que je suis précoce. Moi je trouve pas. J'ai des idées, c'est tout. Et quand je veux quelque chose tous les moyens sont bons pour l'obtenir.

Bien sûr, comparé aux pisseuses qui défilent à la maison je suis un dur de dur !

Mais maman dit que je suis un brigand au coeur tendre. Et comme elle me gâte cette maman !

Faut que je vous raconte mon premier Noël, enfin plutôt le second parce que le premier j'avais sept mois et c'était plutôt peluche et compagnie. J'ai eu une de ces trouilles quand j'ai vu l'autre centenaire débarquer avec sa hotte et sa grande barbe ! Ah ils ont pas bien réfléchi les parents et pour une surprise s'en était une. Perdu dans mes nounours j'en ai cauchemardé toute la nuit. Sniff !

Mais pour mon second Noël j'étais déjà balèze et j'avais une grande passion les machines a laver. Dès que j'arrivais chez quelqu'un, je courrais partout pour chercher la machine et mon rêve c'était qu'elle tourne....c'est bien simple quand la machine tournait je faisais chier personne car je passais des heures à la regarder. Du coup le vieillard il a rien trouvé de mieux que de me laisser ça au pied du sapin pour mon second Noël. Bien sûr c'est une miniature mais elle fonctionne ! Depuis ce jour, il me fait plus peur le barbu. Je dirais même que je voudrais bien le voir plus souvent.

Moi je suis du genre curieux et faut que je sache comment les choses fonctionnent.  Donc je démonte tout et la machine elle a fini en pièces détachées comme tous mes jouets d'ailleurs. Et les parents ça comprend rien. Ils gueulent tout le temps. Comment ils croient que naissent les génies ? C'est pas en restant les bras croisées devant un dessin animé ! Tant pis pour eux : au lieu d'être ingénieur je serai carrossier...enfin je sais pas, on verra. J'ai pas dit mon dernier mot !!!!!!!

DD

 

Lire le 1er épisode 

Lire le 2è épisode

 

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 19:47

 

Ma première sortie

 

Coucou me revoilou! C'est moi le petit malin qui veut attirer votre attention !

C'est pas toujours évident mais j'ai plus d'un tour dans mon sac ...

Me voici enfin libre. Je vais vous livrer mes premières impressions. Mais avant je reviens un peu en arrière...

Y a vraiment un détail que je ne vous ai pas raconté et pourtant qui m'a bien fait marrer. C'est le jour de notre départ du champ de foire.

 

bebe-batman

 

Le matin Maman a téléphoné à Papa pour lui donner ses instructions. Apporter ses vêtements pour quitter les lieux. Croyez-moi, j'ai rien oublié de la conversation.

"Tu amènes mon kilt en lainage marine qui est dans la penderie et mon pull blanc qui est dans la commode"... Moi bien sûr j'ai tout ce qu'il faut. Maman m’a choisi une tenue bleu ciel... Bof ça fera l'affaire!

 

Quand Papa arrive je suis déjà fin prêt et peux assister aux préparatifs du départ.

Je vois bien comme elle a hâte de quitter sa robe de nuit qui respire les mauvais souvenirs et de revêtir ce fameux kilt que Papa lui tend avec fierté.

 

Mais sur ce coup-là, ma pauvre Maman, elle a pas réfléchi. Elle pesait cinquante kilos quand j'ai été conçu et à mon arrivée elle en faisait vingt de plus! En admettant qu'elle en ait perdu dix à l'accouchement il lui reste dix kilos à caser dans le kilt : une paille !

 

Je revois encore sa tête quant elle a voulu boucler la ceinture. Il manquait bien dix centimètres ! Du coup, le kilt, il croisait plus du tout. Et le pompon, c'est que pendant ces longs mois dans la penderie une mite avait bouffé un morceau de vingt centimètres de diamètre juste sur le devant!

 

Je vous jure que c'est vrai. Parole de DD ! J'étais plié de rire dans mon couffin… mais cette Maman, elle s'est pas démontée. Elle a attaché sa jupe avec des épingles à nourrice et vous savez quoi ? C'est moi qui ai bouché le trou. Elle m'a pris dans ses bras et, au lieu de me tenir sur sa poitrine, elle m'a descendu de quelques centimètres et ni vu ni connu, exit  le vide !

Mon premier rôle dans la vie : Bouche-trou!

 

Bon cela dit c'est super d'être dehors et j'ai hâte d'arriver au château. Car bien sûr je sais qu'avec mes habits de prince mes parents sont certainement des bourges et ce n'est pas un trou sur une jupe qui va ébranler mes convictions.

 

Me voici installé dans la voiture en route vers ma nouvelle demeure. A peine un quart d'heure de route et nous voici arrivés. Dommage ! C'était trop bien ce voyage et j'ai failli m'endormir.

 

Maman part devant pressée de se changer. Comme je la comprends ! Et Papa est fier comme un bar-tabac de me prendre dans ses bras pour me faire découvrir le fameux manoir. Heureusement que je ne suis pas cardiaque ! J'ai cru qu'il me faisait une blague. On franchit un portail et nous voici dans un petit chemin en pente, cimenté et débouchant sur une petite cour pentue aussi. Un vrai casse- gueule ! Je pense à mes futurs premiers pas... C'est décidé je ne marcherai ja-mais. J'ai pas envie de me démolir la tête.

 

Quant au château, misère ! Quelle déception. Deux pièces, certes propres et bien rangées, mais quand je vais pousser ma gueulante ils vont en prendre plein les oreilles. Je vais bien finir par m'y faire mais tout de même quelle désillusion!

 

Malgré tout, la première soirée est bien sympa. Maman me câline, moi son bébé d'amour, et après mon dernier "michelin" me dépose dans mon berceau pour une nuit qu'elle espère reposante.

 

Elle oublie mon grand appétit et sur le coup de deux heures du matin je commence à m'agiter en espérant que l'un des deux pensera au ravitaillement. Mais patient comme je suis, au bout de cinq minutes, ils ont droits à ma première symphonie en sol mineur. Ben tout ce que j'ai gagné c'est de finir dans la cuisine. Paraît que c'est pas bien de pleurer la nuit. Pratique le berceau à roulettes ! Ah ils ont pensé à tout les Parents ! Mais quand on a l'estomac dans les talons, y a pas d'autres moyens de se faire entendre.

 

Dès le matin Papa part au village faire les courses que Maman a notées sur un carnet On se retrouve seuls et les câlins ne manquent pas. J'ai droit à mon premier bain. Et ce truc, même dans un château, ça ne pourrait pas être meilleur. Maman me savonne de la tête aux pieds et je gigote tant que je peux. Par contre la sortie ne me plaît pas trop et je grogne un peu, mais elle sait bien me calmer avec de gros bisous dans le cou. Je me demande si j'aurai droit à cette merveille tous les jours ou si c'est juste un cadeau de bienvenue.

 

Quand Papa revient de ses emplettes, je suis prêt pour ma première journée... jalonnée de surprises !

 

A midi je commence à m'agiter. Hé oui j'ai encore faim ! Pour me calmer Maman me colle dans la bouche un mini michelin que Papa a ramené de la pharmacie. Mais y a rien à bouffer là dedans. J'ai beau sucer comme un dingue… rien ! Ils appellent ça une totote mais je suis pas dupe et je leur pousse une gueulante digne d'un Pavarotti !

 

Faut pas jouer comme ça avec mes nerfs tout de même ! Quand je m'ennuie, à la rigueur, je l'accepte mais surtout pas quand j'ai faim.

 

L'après-midi le meilleure amie de Maman vient nous rendre visite avec son handicapée. Ben oui, j'ai tout de suite compris quand j'ai vu son habit rose. Elle a juste quelques mois de plus que moi et vraiment je la trouve super belle. Paraît que nous allons grandir ensemble parce qu'elle habite à coté de chez nous...

 

Comme à la clinique sa maman n'a pas l'air inquiète de son infirmité. Elle est même plutôt fière il me semble.

 

Y a quelque chose qui m'échappe ... DD ouvre l'oeil tu vas faire une découverte !

 

En tous cas j'ai une attirance sérieuse pour elle. Et handicapée ou pas, j'ai hâte qu'elle revienne me voir.

 

Je l'ai ouvert mon oeil et je peux vous dire que je me sens drôlement bête !

 

C'est quand Maman s'est déshabillée avant d'aller au lit. J'ai failli en avaler ma totote. Elle aussi est handicapée !

 

Alors je me suis mis à réfléchir et j'ai enfin compris. C’est pas une tare de ne pas avoir de zizi, c'est NORMAL ! Ils appellent ça des filles. Ouf, ça m'a crevé cette réflexion ! Je crois que la vie me réserve encore bien des surprises…

 

DD

 

 

LIRE le 1er épisode, ici.

 

 
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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 22:05

 

Voici un petit feuilleton en trois épisodes. Il a été écrit par mon amie Mireille Jambu. En souhaitant qu'il vous fasse sourire, je vous souhaite une joyeuse lecture!

 

 

NOUVEAU NE 1

 

LA NAISSANCE DE DD...

  

 Qu'il est long le chemin qui mène à l'autonomie !

 

 

Dés ma naissance j'ai voulu me distinguer. Arriver comme les autres par la voie royale d'une petite ouverture qu'il me faudrait agrandir pour me frayer un passage ! Non merci. Je ne veux pas souffrir et surtout je veux monopoliser toute une équipe : chirurgien, infirmières, aides soignantes. Puis surtout inquiéter un peu ce père qui au départ ne voulait pas de moi. Pardon Maman, tu as beaucoup souffert et ça je ne l'avais pas prévu, mais à ton réveil t'étais vachement heureuse d'avoir un fils.

Bien sûr tu te serais passée des suites de ce P... d'accouchement. Ah si je le tenais ce chirurgien qui a saboté "ma césarienne " et t'a bloquée quinze jours à la clinique! Mais dans le fond peut être que tu t'es encore plus attachée à moi.

Me voici donc beau et propre, habillé comme un petit prince avec ces vêtements que tu as tricotés avec amour en pensant à cette petite chose au fond de ton ventre qui aujourd'hui fait ton admiration. Tout ce monde autour de moi, ça m'agace ! Et voila qu'ils ne veulent pas me blottir contre toi. Ils disent que tu n'es pas encore bien réveillée. Tu parles! Je sais bien que tu m'attends au milieu de tous ces fils. Ah ils ne t'ont pas ratée. Une plaie sur la vessie faut le faire! J'ai entendu dire qu'il fallait sonder avant de faire une césarienne. Il était sûrement bourré ce charcutier. Résultat : une perfusion, une transfusion, une sonde plus un drain et des tuyaux partout qui m'empêchent de me rapprocher de toi. Pauvre petite maman qui ne peut même pas me serrer dans ses bras et qui à l’air si fatiguée! Bon, je vais rester sage et ne  pas me mettre à pleurer quand même…

Et Papa pourquoi il est triste dans son coin. Pourquoi ne vient il pas me parler ? C'est sûr, il a eu drôlement peur de te perdre. Mais puisqu'on est vivant tous les deux, il va falloir qu'il fasse des efforts. J'ai besoin de lui, moi!

Le soir j'aime pas du tout qu'on me mette dans cette pièce où ça braille sans arrêt. Moi je veux rester près de toi. Mais rien à faire. Paraît que tu te reposes mieux sans moi. Ca, j'y crois pas. D'ailleurs un soir je t'ai vu arriver avec ton bocal pendu à un truc à roulettes. Tu as regardé tous ces gueulards et t'es penchée sur moi avec tellement d'amour dans les yeux que je t'ai offert mon premier sourire. En réfléchissant c'était peut être une grimace mais bon je ferai mieux la prochaine fois. Ouf ! Enfin on t'a retiré tout ce merdier et je peux sentir ta peau et tes lèvres sur mes joues. Et Papa commence aussi à me découvrir. Je fais en sorte de ne pas gueuler quant il est là ! Faut vraiment que je me tienne à carreaux. Mais le charme ça me connaît.

Aujourd'hui j'ai un super Babygro rouge et bleu. Je pense que ces couleurs  vont bien avec mes cheveux noirs. Je suis très beau et puis avec toutes ces visites faut mettre le costard pour épater la galerie. Profitez-en parce que les fringues ce  ne sera pas mon truc. Pardon ma tite maman mais là je ne changerai pas. Bien sûr pour le moment j'accepte vos déguisements. Je n'ai pas le choix. A part de chier dans ma culotte de temps en temps pour prouver ma colère, mais bon ce ne sont  pas les fringues qui manquent dans la valise.

Dire qu'à cause de cette césarienne tu ne peux pas m'allaiter ! Ca je pense que j'aurais adoré mais ça m'apprendra à faire le malin. Quand je vois l'autre à côté, sa bouche collée contre le sein bien gonflé de sa Maman et qui bouffe autant qu'il veut, ça me fout en rage. Moi cette tétine en caoutchouc je trouve ça dégueulasse mais j'ai tellement faim que je ne rechigne pas trop. Souvent je fais semblant de vomir. Des fois que l'autre à côté elle accepterait de me prêter son sein. Y a bien à bouffer pour deux là dedans. Peut-être même pour tous les braillards de la maternité!

Bon, faut que j'arrête de rêver et que je me contente de mon "michelin". Ben oui, y a qu'eux pour fabriquer une horreur pareille et je pense que j'en ai pour un moment.

D'abord je n'ai pas de dent. Heureusement les autres non plus. J’ai eu une de ces trouilles avec tous ces gens qui me sourient et me montrent leur râtelier. Alors je passe ma langue en haut et en bas ... et rien ! Du coup j'écarquille les yeux pour voir dans la bouche des collègues et, ouf, eux aussi sont handicapés de la mâchoire, condamnés au liquide jusqu'à perpète. Et ça personne ne m'en parle. Les arreuh arreuh guilli guilli, je m'en fous car  y a plein de questions que je me pose.

Tiens entre autre pourquoi celui d'à côté il est chauve ? Comme mon papi qui est venu me voir hier. Il vient juste de naître, pratiquement à la même heure que moi, alors on ne peut pas dire qu'il est vieux. Ben déjà il a plus de cheveux. Moi ça m'inquiète. Du coup je fais hippy avec mes longs tifs noirs. Et puis autre chose bien plus terrible ce matin : ils nous ont pesés les uns après les autres, tous à poil comme des vers. Tu parles que je les ouvrais mes grands yeux et qu'est ce que je vois ? Y’ en a qui ont pas de zigounette! Comment ils vont pisser ces pauvres gars? Moi, du coup, j'ai fait pipi dans ma couche toute propre, histoire de bien leur montrer ma normalité. Je sais qu'on ne naît pas tous égaux, mais moi ça va, à part les dents, il ne me manque rien. Je fais 3kg 400 et je suis bien dans mes baskets, pas comme l'autre bouledogue à coté 4kg 900 : un monstre! Il est déjà tout boudiné dans ses brassières et ce n’est pas avec ce qu'il avale qu'il va maigrir. Je voudrais bien le revoir dans quelques mois s'il ne s'est pas étouffé entre temps.

… Au fait ! Y’a un autre truc qui me chiffonne. J'ai remarqué que tous ceux qui n'avaient pas de zigounette, ils les habillaient en rose. C'est sûrement pour signaler leur handicap! C'est bizarre, les parents ont pas l'air de s'inquiéter. Moi, Maman elle serait aux quatre cents coups. Vu comme elle a inspecté tous les recoins de mon corps : s'il m'avait manqué le principal elle en serait morte ! Les autres ils s'en foutent d'avoir un handicapé. Ca prouve que je suis bien tombé. Je suis le plus aimé des petits hommes. Aujourd'hui je suis malheureux, depuis que cette vieille sorcière est venue te faire du mal avec sa grosse seringue : "Lavage de vessie pendant quinze jours "qu'il a dit l'autre dingue qui a loupé notre césarienne! Bon, faut que je me calme. Si j'ai déjà des envies meurtrières, ma vie est foutue car j'ai idée qu'il y avait du boulot sur cette terre. Je vais donc essayer de m'adapter.

Aujourd'hui c'est le grand jour !!! Dans les bras de Maman je sors de ce champ de foire.

Préparez-vous à me recevoir ! La vie ne sera pas un long fleuve tranquille avec moi !!!

 DD

 

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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 18:03

 

Alice était renfermée depuis de longues semaines. Recroquevillée sur elle-même et enroulée sur son MOA, elle était parvenue à oublier son environnement proche qui lui occasionnait des démangeaisons du coin de l’œil aux interstices des orteils.

Les séries américaines dont elle s’abreuvait à n’en plus finir lui faisaient le même effet que les anxiolytiques, tout en lui laissant l’esprit plus libre. Elle semblait donc tranquille, voire inaccessible.

 

Lui parvint alors, parmi les hasards de ses  contacts virtuels, une offre pour une soirée théâtre très ciblée sur le sujet de ses tourments. Avec débat et petit buffet en sus. En bref, tout pour lui plaire et la contraindre à bouger la graisse qu’elle commençait à cultiver. Collée dans ses étoiles pas toujours brillantes, elle sollicita pour l’accompagner son amie Victoire qui se fit une joie mêlée de crainte de la porter en paquet jusqu’au lieu des festivités.

 

Le trajet en métro fut des plus difficiles. Arrivées à la station Vincennes, on leur demanda brusquement de descendre de la rame pour incident technique. Tout l’espace sentait le caoutchouc brûlé.

La foule des banlieusards s’accumulait sur le quai et Alice sentait que son souffle risquait de se bloquer. Trop de chaleur, trop de monde et surtout cette putain d’impression d’être prise dans un piège souterrain dont elle ne pourrait s’échapper. 

Eut-elle été seule qu’elle serait immédiatement passée à l’extérieur. Mais elle avait accepté de se faire escorter et se morigéna pour faire confiance à celle qui s’était dévouée pour elle.

Le hasard n’étant pas toujours aussi fortuit qu’il en paraît, le bouchon de sa bouteille d’eau lâcha et le liquide encore frais se répandit dans son sac. Après quelques instants d’inquiétude naturels chez elle, cette froideur lui remit les neurones en place. Du moins, elle n’étouffait plus. Jeta un coup d’œil sur le contenu de sa besace. Victoire lui répéta plusieurs fois que ce n’était que de l’eau et elle fut alors bien heureuse de ne pas avoir à traverser la mer qui eut été bien pire pour elle qui nage encore plus mal qu’elle ne respire. Est-ce sa faute si elle ne sait que voler et qu’on ne lui a pas donné d’ailes ?

 

Elles finirent par arriver à l’heure sur le lieu des réjouissances grâce à la parfaite organisation de Victoire. Qui souhaita entrer au plus vite à l’intérieur du théâtre alors qu’ Alice tentait de jouir des quelques instants qui lui restaient sans être confinée, encore, dans un espace blindé de gens.

Alice ne regretta pas le pénible voyage qu’elle avait dû subir.

 

La pièce est très poétique et fort puissante. Je dirais mi figue, mi raisin car tout en nuances. La comédienne, Isabelle Ganz, investit totalement son rôle, d’autant plus qu’elle en a écrit elle-même le texte. Et qu’elle ose avouer, ô culot suprême, être passée par des troubles mentaux dont personne n’ose parler aussi ouvertement. Elle rend devant nos yeux, sous un abord théâtral, l’exactitude même des souffrances  de toute bhyperboréenne. Oui j’ai choisi ce terme inventé car j’en ai marre des étiquettes que l’on fait adhérer à tous ceux qui souffrent de douleurs psychologiques ou mentales ! Oui je persiste et signe pour que le terme de folie soit abandonné ! Non, un malade mental n’est pas plus souvent criminel qu’une autre personne !

 

Un extrait de la pièce ci-dessous: 

   

 

 

Je regrette aussi que les médias et les séries télévisuelles commettent des amalgames entre toutes les maladies mentales. Non seulement chaque trouble est spécifique, mais chaque personne est unique. Les traitements sont variés et peuvent être unis. Autant en ce qui concerne d’éventuelles molécules à absorber que le soutien psychologique par échange avec un médecin chez lequel on se sentira entendu, voire compris.

J’ai beaucoup apprécié les interventions du Dr. Saravane qui participait au débat suivant la représentation. Voilà pour moi l’exemple d’un soignant motivé et ouvert qui lutte contre la douleur sous toutes ses formes et travaille en milieu hospitalier.

Quand je l’ai questionné sur ses possibilités de consultations, il m’a immédiatement précisé qu’il n’était pas psychiatre, mais généraliste. Lui ayant répondu que j’en étais ravie, il a souri. Ce n’est pas chez les psychiatres que j’ai obtenu le meilleur soutien.

 

 

Liens: 

 

Le combat contre la douleur du Dr Djéa Saravane

 

Son lieu de consultations.

 

 

Voici un homme auquel Alice ira peut-être parler si elle sombre encore dans les méandres et les abysses d’un esprit qui l’empêche à nouveau de dormir. En cet instant, elle va relativement bien. Elle crée, même si ce n’est pas toujours aussi génial qu’elle le souhaite. Et chaque fois qu’elle sent la chute, elle se dit qu’elle ne pourra que remonter. Car Alice a un avantage dans son trouble. Ses changements d’humeur sont rapides. Les plus difficiles à traiter sur le plan chimique. Mais quand elle va mal, elle se répète que cela ne va pas durer longtemps. Elle ne sait pas toujours combien de jours ou de semaines. Alors elle se ratatine et dort le plus possible, comme l’a bien  exprimé Isabelle Ganz. A condition d’avoir expurgé les pollutions qui la bouffent en s’exprimant car les nuits sans molécule chimique sont souvent plus pénibles que les jours.

 

En rentrant chez elle, Alice a étalé le contenu de son sac pour le faire sécher.

Elle s’est à nouveau inquiétée sur le fond auréolé de sa besace offerte par sa fille adorée. Elle a immergé l’objet afin de l’uniformiser.

Car dans la vie réelle, ça ne présente pas bien d’avoir des taches. Pas mieux que d’en être une soi-même.

 

Lire 1er article:THEATRE: PIECE SUR LA FOLIE  

 

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 20:19

 

Elle faisait souvent des cauchemars. Surtout sur ses histoires de désamour centrées sur ses parents, ses enfants ou ses amoureux. C’était toujours l’horreur de ne jamais avoir su atteindre  le moindre degré de rapprochement.

Tous les personnages de ses obsessions nocturnes devenaient des monstres qui l’effrayaient et la réveillait au cours de ses nuits agitées.

Son père, comme  sa mère, était toujours malade, cancéreux et complètement dingue. Ils passaient leur temps à se battre sans s’apercevoir comment ils se détruisaient mutuellement. Ils crachaient l’un sur l’autre, et sur ceux qui les entouraient, comme si plus rien n’était important que la force de leur pouvoir de destruction. Ils se traînaient à terre, leur corps déformé et leurs traits hallucinés. Ils demeuraient dans une frontière entre la vie et la mort.

Au réveil de ces nuits cauchemardesques, Elle n’avait plus envie  de vivre.

Elle absorbait des litres d’eau et de jus de fruits et finissait par passer à autre chose sans oublier vraiment les images qui la poursuivaient durant la journée.

 

TRAIN DANS LA NUIT

  Création Sol'R

 

Convaincue qu’un jour ces images trop noires finiraient par se dissiper dans un no man’s land, elle faisait de ses journées un espace de clarté et de lumière à venir.

 

Quelque temps après ces nuits d’épouvante, elle se mit à rêver de son premier amour. Elle revivait avec lui les moments les plus intenses et en multipliait la fréquence et l’intensité. Elle avait à nouveau dix-sept ans et le bonheur qui accompagne les sensations de l’amour quand on le découvre pour la première fois. Elle jubilait sur le moindre frôlement, l’intensité d’un regard et la puissance des rapprochements corps à corps. Elle se plongeait dans l’eau d’un regard bleu qui lui interdisait tout retour à la nuit de ses propres yeux.

Elle se laissait aller à la moindre caresse du bout de son corps. Elle aspirait à une plénitude nouvelle qui lui donnait le courage d’affronter tous les mondes obscurs qui l’avaient jusqu’alors effrayée. Enfin, elle se sentait vivre, et toute à la surprise de cet évènement, elle finissait par sombrer dans une forme d’évanescence indicible, un chavirement  à la fois sensuel et par dessus tout extatique qu’elle ne saisissait pas vraiment. Un au-delà qu’elle ne cessa de rechercher.

 

Quand Elle se réveillait, elle n’avait plus envie de revenir en arrière.

Elle passa des jours et des nuits avec le désir de revoir et retrouver son premier amour. La nostalgie de ces moments si puissants par leur intensité et leur nouveauté l’obsédait. Jamais elle n’avait ressenti plus de bonheur. Ni plus de tristesse quand tout semblait se dissoudre dans la platitude du quotidien comme dans les expériences de nouvelles rencontres. Rien ne pouvait effacer la découverte de l’amour et le reste ne serait désormais qu’une répétition impuissante à approcher l’intensité de cette suprême illumination.

 

Elle se décida à imaginer son premier amant sous toutes ses  nouvelles formes. Quarante années après, le gras du bide et la transformation de son visage. Le ciel de ses yeux dilué dans une flaque trouble. La peau de ses mains froissée. Et surtout l’idée extraordinaire de la jeunesse et des premières émotions qui font voir la vie si belle que plus jamais l’on ne pourra recommencer.

Elle eut envie dix mille fois de lui téléphoner.

Elle sourit et pleura à nouveau sur son souvenir.

Puis elle mit son mouchoir dans sa poche et décida de l’oublier à nouveau.

Que reste-t-il d’un amour quarante ans après ?

 

 

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 19:24


 

Nous avons aimé des êtres qui ont disparu de notre espace.

Par nécessité ou par choix.

De temps en temps, nous repensons à  eux.

L’origine de ces réminiscences me surprend. Ces souvenirs ne sont jamais liés à de grands sentiments ni à des évènements importants.

C’est au fil d’un détail, d’une broutille, que nous revient à l’esprit le souvenir d’un être que nous avons aimé, d’amour ou d’amitié.

 

 

Pour des raisons techniques, j’ajoute une couleur contrastée quand je monte une encolure sur certains tricots, afin de pouvoir la défaire ensuite. Et je pense à Jacques qui me disait : « Pourquoi as-tu fait un liseré ? »

Le terme reste pour moi connoté à cet homme.

Pourtant, j’ai vécu une relation avec lui qui a duré sept ans, et serait-ce tout ce qu’il m’en reste ?

 

Si j’achète des gâteaux dans une pâtisserie, j’observe toujours la façon dont la vendeuse les emballe. Car, dans ce métier, il faut savoir faire des empaquetages en forme de cône, sinon, mieux vaut passer à la pharmacie où tout est conditionné d’avance ! C’est l’histoire d’une vendeuse qui subissait une patronne autoritaire et désagréable. Elle m’a été contée par Brigitte.

 

Quand je mange du maquereau, je compte les arrêtes car Gilles a failli s’étrangler le jour où je lui en ai servi.

 

Je ne demande jamais l’heure à personne car je me souviens du jour où j’ai  envoyé bouler Monique qui refusait de porter une montre tout en me demandant toutes les dix minutes là où nous en étions.

 

Si je commence à boire trop de vin, je réduis la quantité grâce à Philippe qui en est mort à l’âge de 48 ans.

 

Quand j’entends parler de la marque au crocodile, c’est à Gérald je pense. Mon amour de jeunesse. Je portais la même chemise jaune « Lacoste » que lui.

 

Un morceau de Jazz et c’est Pascal qui est là.

 

Si j’achète des yaourts aux fruits, ce qui m’arrive rarement car je n’apprécie pas trop, c’est mon Grand Amour Alix avec lequel je partage sa douceur préférée.

 

Et tout à coup je me dis :

A quoi tiennent tous ces détails pratiques ?

Que reste-t-il de mes amours mortes ?

Les êtres que l’on a aimés sont-ils toujours présents ? Et participent-ils à notre épanouissement ?

Ou leur souvenir n’est-il là que pour nous retenir ?

 

Si peu de chose. Quelques fragments de souvenirs qui n’ont plus rien à voir avec ce que j’ai vécu. Si le passé nous construit, que nous en reste-t-il ?

 

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 23:07

 

Alice s’ennuyait et déambulait depuis des heures dans les rues de la ville.

 

Un chat blanc traversa la rue à toute vitesse. Il portait une plume dans l’oreille gauche, ce qui intrigua Alice.

 

Elle ressentit alors une irrépressible envie de le suivre.

 

Au bout d’un temps dont les minutes s’écoulaient plus lentement que les feuilles tombant à l’automne, elle se retrouva dans un appartement sombre et dénué de tout confort. La peinture se décollait par plaques. La plomberie suintait goutte à goutte. Les meubles en étaient absents. Seule une vieille paillasse défoncée ouvrait ses entrailles à Alice qui s’endormit sans avoir la force de se poser de questions.

 

Très longtemps après, quand elle s’éveilla, elle sut d’instinct qu’elle n’aurait pas la force de se déplacer.

La plante de ses pieds, plombée d’une charge digne d’une coulée de béton, lui interdisait de se rendre en un lieu plus chaleureux.

 

Alice décida alors d’investir l’espace qui lui était acquis.

 

Elle découvrit alors plusieurs salles de bain et tenta de les inspecter.

La première la surprit par son immensité. Elle contenait une superbe baignoire, mais les robinets ne distribuaient que de l’eau froide.

La seconde, de volume plus courant, semblait proche de la perfection. Carrelée de mosaïque d’un bleu céruléen, elle restait la seule pièce à avoir résisté au temps.

Sur une étagère en corail, étaient exposés tous les produits de soin imaginables. Flacons de toutes formes, arrondis et opulents. Liquides laiteux, crémeux et mousseux, mauves, roses, transparents et blancs. Senteurs de lilas, de framboise et de miel.

Alice, fort curieuse ne résista pas au plaisir de tester toutes ces substances inconnues d’elle.

 

Une heure plus tard, elle se retrouva avec une peau d’une douceur exceptionnelle…et des cheveux blancs et crépus !

 

Elle pointa alors son minois à la fenêtre, faible percée de lumière,  et le vent balaya sa tignasse. Sa chevelure devint ondes dorées de soie et de perle. Son teint variait suivant les éclats du soleil. On aurait cru voir apparaître une déesse sans âge dont le sang dans les veines était devenu bleu.

 

Alice, guidée par une curiosité jamais satisfaite, décida alors de se rendre dans la dernière pièce de toilettes, minuscule et très laide.

Réduit humide sans luxe. Murs plâtrés et blanchâtres. Seule une pomme de douche rouillée demandait à être utilisée.

Elle se rinça dans le mince filet d’eau tiède qui semblait la revigorer.

Elle fit couler le flux durant de longues minutes afin d’oublier toutes les métamorphoses inquiétantes qu’elle avait subies.

 

Le chat blanc traversa alors la pièce. Mouillé et le poil redressé, il lui jeta un regard glauque et fulgurant.

Alice prit peur et s’enflamma avant de se répandre en une flaque de lait que le chat blanc s’empressa de laper.

 

 

Il existe une foultitude d’Alice dans notre monde.

Et elles n’ont pas d’intérêt à suivre un chat blanc plus qu’un autre animal à la mine doucereuse.

 

Pour cette mini nouvelle, j’ai subi l’influence de deux contes et d’un film.

Car tout ne réside pas dans la première évidence.

 

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 00:31


Un texte que la neige m'a inspiré...

La neige et le froid nous assaillent…et nous transforment.

La paix règne.

Vue du dehors ou de dedans.

 

De l’intérieur, une fois congelé, le calme nous habite, sans loi, sans pouvoir sur la force suprême de la nature. Au plus profond de notre intimité.

Bonheur ! Joie de n’entendre que le silence. Etrange sensation de se sentir enfin exister. Surtout ne pas sortir dans la ville où les autres se battent pour atteindre le plus degré de leur insatisfaction, travailler.

Hors des murs, glisser sur cet étal de satin revient à perdre du temps, de la crédibilité et de la reconnaissance. Se faire emboutir ou se casser la jambe pour de moindres maux.

Les enfants rient et nettoient les bagnoles pour faire des boules de neige.

Les « sans logis » crèvent mais tout le monde s’en fout.

Les vieux et les sauvages s’enferment entre leurs murs. Certains par désespoir, d’autres pour excuse.

Le blanc domine avant la saison du blanc, fort colorée de nos jours, voire dans des tons très sombres.

Les chats qui attendaient leur bouffe balancée par des fenêtres anonymes sont partis se réfugier sous les engins du chantier d’à côté, dans l’espoir que les moteurs seront encore chauds encore au cœur de la nuit. Ils n’ont pas reçu les infos de la météo. Serait-ce une chance pour eux ? Demain, ils attendront inlassablement qu’on leur donne leur pitance. Les sans domicile aussi.

 

Le blanc nettoie tout. Les voisins se taisent car à 0 degré Celsius, ils préfèrent se ramasser sous la couette pour dormir et oublier que certains vont crever cette nuit. Si cela les préoccupe…

Ils ne s’enverront pas en l’air pour cela car leurs gonades sont glacées. 

 

Quand  le soleil était là, et la chaleur qui l’accompagne, ils débordaient d’énergie pour pénétrer de leurs forets leurs femmes et leurs murs.

Les sans-logis croulaient sous leurs cocktails éthylo-ensoleillés.

Les bagnoles fonçaient sur l’asphalte fondant, en quête de paradis virtuels.

Le Tour de France mobilisait les mollets et les mollassons.

Les chats de gouttière, comme les gamins du quartier s’étripaient.

Chaud, oui, chaud jusqu’à quels extrêmes ?

La brûlure fait aussi très mal.

 

Les continents chauds sont toujours en  guerre.

Les régions froides plus déprimées.

 

La glace blanche et le soleil flamboyant ne seraient-t-ils pas plus puissants que l’intention des hommes ?

 

 Sol'R

 

 

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 18:29

 
TOMBER EN…

Quelle en est la signification?
Si je cherche sur mon « Grand Robert de La Langue Française » quelques synonymes du verbe tomber, j’y trouve : (dé)-choir, mourir, pécher, échouer, anéantir et bien d’autres.

Ce que je remarque est que le terme tomber fait franchement notion à une idée de chute.


Source: http://fondecran.biz/chutes_d_eau.html


Voilà pourquoi je suis très surprise de son emploi
dans des expressions qui ne me semblent pas justifiées.

 

Certaines formules me parlent comme : « Tomber en désuétude ou en ruine, voire tomber en quarantaine », à cette époque de parano sur la grippe A.

 

Mais j’entends depuis longtemps dans les médias des utilisations de ce mot qui me surprennent.

 

« Tomber enceinte » reste le classique. Comme si le fait d’attendre un enfant revêtait une connotation  systématiquement négative. Il est certain que durant des siècles, les femmes n’avaient pas le choix d’enfanter. Mais voilà environ trente ans que, sauf de rares exceptions, de nombreux moyens nous sont offerts. Alors, pourquoi user encore de l’usage de cette expression?

 

« Tomber en amour », locution plutôt québécoise, rassemble aussi deux notions complètement contradictoires. Amour, notion positive, deviendrait-elle annihilée par le verbe qui la précède ?

 

Et voici l’exemple qui a provoqué chez moi l’envie d’écrire un article :

 

« Tomber en retraite », entendu à la télévision il y a quelques jours.

Voici deux ans que j’ai pris une retraite anticipée et que j’en suis ravie.

Jamais je ne me suis sentie aussi libre ! Je fais chaque jour tout ce que j’aime.

Je m’investis dans le bénévolat. Je crée, j’écris et je peins. Je noue bien plus de relations amicales que dans mon milieu professionnel (l’enseignement), puisque je choisis QUI je fréquente !

 

Je suis vraiment bien plus heureuse que lorsque j’étais en activité

Alors, je puis vous confirmer que je ne suis pas tombée en retraite, mais que je suis montée en retraite !

 

La pharmacienne située près de chez moi a été étonnée que, lors de mon choix, j’aie préféré une très nette baisse de revenus car je n’avais pas acquis toutes mes annuités.

 

Je plains ceux et celles qui « évaluent » leur bonheur à la hauteur du fric qui leur est donné.

Par ailleurs, je paie moins d’impôts, je dépense bien moins en essence et en investissements professionnels non remboursés.

 

En bref, si j’avais pu « monter » plus tôt en retraite, je l’aurais fait !

 

Je souhaite ce même bonheur à tous ceux qui me liront.

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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 18:00


LA PETITE (2)...

Elle recevait chaque jour plusieurs paires de gifles de sa mère qui ne la comprenait pas.

Quand celle-ci finissait par se sentir impuissante, elle passait le relais à son mari qui  frappait la Petite bien plus violemment.

 

Plus elle vivait avec ses parents, plus elle se demandait pourquoi elle était là, à côté de cet homme et cette femme qui n’avaient rien à voir avec elle.


 

Quand elle aborda ses quinze ans, sa révolte explosa pour ne jamais cesser.

Sa jeunesse tumultueuse et ses amours l’occupaient intensément. Obsédée par sa demande d’amour elle ne parvenait plus à se concentrer sur ses études.

 

Elle devint femme puis mère à son tour.

 

Toujours obsédée par les mêmes interrogations.

Culpabilisée par la crainte de reproduire ce qu’elle avait vécu.

 

Quelquefois, quand la douleur était trop puissante, elle se confiait à moi.

 

Un jour où elle se sentait fatiguée par ses insomnies, elle me raconta comment on l’attachait à son lit, vers l’âge de quatre ans, pour la contraindre à faire la sieste. Elle n’avait pas sommeil dans la journée et ne demandait qu’à vivre, rire et s’exprimer. Déjà si jeune, aurait-elle gêné, dérangé, questionné ?

 

Une autre fois où Elise se trouvait visiblement égarée, elle tenta de me faire comprendre

la souffrance qu’elle avait éprouvée dans une situation dont on ne parle jamais.  Ce n’était pas un viol reconnu, mais elle le sentait comme tel. Quand elle avait cinq ou six ans, on lui prodiguait des soins très violents, sous prétexte de trouble intestinaux dont elle n’avait elle-même pas conscience.

Chaque semaine, on l’allongeait sur la table de la cuisine. Puis on lui enfilait dans l’anus des litres d’eau en lavement sous les yeux de ses parents et grands-parents.

Oui, c’est dégueulasse à lire, mais bien plus à vivre !

Qui lui avait prescrit cette torture ? Elle ne le sut jamais.

Elle soupçonna sa mère d’en tirer un certain plaisir.

Plaisir symétrique à celui de lui faire pratiquer un régime permanent.

Jamais le droit de manger ce qu’elle aimait. Tout bonheur lui était interdit.

Comme plus tard elle tomba dans l’opprobre maternel en se réfugiant dans des flirts souvent renouvelés !

 

Cette vie dura longtemps, trop longtemps pour Elise.

 

Elle se réfugia alors dans les rêves, la réflexion et la création sans parvenir vraiment à se révéler à elle-même.

 

Longtemps, bien longtemps après, sa conscience se brisa.

Elle perdit alors tous ses amis.

 

Elle sombra dans un profond et douloureux délire qui failli lui coûter la vie.

Le sort en décida autrement et lui offrit quelque sursis.

 

Elle mit des années à se reconstruire. L’abandon et la violence l’avaient si fortement habitée que son âme ne parvenait jamais à atteindre la sérénité.

 

Les dernières fois que nous nous somme rencontrés, elle m’a dit approcher plus souvent des instants de bonheur.

 

Elle ne rejetait plus ses douleurs et les mêlait à ses rêves. Cette alchimie lui permit de transcender ses idées et ses actes.

 

Et puis, même si elle n’était pas comme tout le monde, elle fut heureuse et jouit chaque jour de son bonheur avant qu’une maladie fulgurante ne l’emporte.

 

Je suis la seule personne à avoir reçu ses confidences. Maintenant qu’elle n’est plus de notre monde, je m’autorise à trahir un secret afin que d’autres se sentent moins seuls.

 

Olivier.

 Chapitre 1, ici.

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  • Passionnée par la frontière entre la norme et l’exception. Trop longtemps enseignante, j'ai rendu les armes plus tôt que prévu et je me consacre à ce que j'aime: l'écriture, les arts plastiques et les débats de société... et ça va chauffe
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