Certains bons français ont élu le petit Nicolas pour ses promesses sécuritaires… Nous avions pourtant déjà constaté son efficacité quand il n'était que Ministre de l'intérieur. Et d'autres sont surpris que la violence grimpe régulièrement. Ce qui n'est pas prouvé par les statistiques sarkoziennes puisqu'elles différencient les violences sur personne aux braquages de banque. Tiens, plus si faciles avec les moyens employés! Pourquoi protège-t-il toujours les mêmes et laisse-t-il tomber ceux qui agissent courageusement pour aider les hommes, dans leur mieux-être comme dans leur éducation? Ceux qui ont permis à Sarkozy de prendre le pouvoir ne sont pas que des nantis. Vont-ils enfin se poser des questions? Qui pourra récupérer la casse du Service Public? Je me le demande.
L'insécurité et la violence progressent dans les hôpitaux
Tefy Andriamanana - Marianne | Vendredi 25 Février 2011 à 12:01
L’agression d’un médecin à Créteil a relancé le débat sur la violence dans les hôpitaux. Entre 2008 et 2009, l’insécurité a considérablement augmenté dans les établissements de santé. Comme si tous les problèmes de la société y étaient concentrés.
Sans faire de
généralisation hâtive, plusieurs faits divers illustrent une tendance à l’augmentation de l’insécurité dans les établissements de
santé. Dans une clinique de Soyaux en Charente, une gynécologue a été poignardée
par une ex-patiente lui imputant les malformations de son enfant. A l’hôpital Henri Mondor de Créteil, un gastro-entérologue a lui
aussi été poignardé par une femme déguisée avec une blouse blanche. Plus dramatiquement, à Marseille, une patiente de 75 ans est décédée des suites de ses blessures dues à
son agression par un autre patient.
Pour connaître l’ampleur du phénomène, il faut se pencher sur le dernier rapport annuel de l’Observatoire national de la violence hospitalière, créé en 2005, et qui dépend du
ministère de la Santé. Ce rapport montre que de 2008 à 2009, les actes de violence contre les biens ou les personnes ont augmenté de... 38%. Le chiffre paraît important mais il est également dû à
la hausse, plus lente toutefois, du nombre d’établissements (publics comme privés) participant à l’enquête soit 29% (voir tableau). L'enquête couvre cependant la plupart des Centres
Hospitalo-Universitaires, les plus importantes structures.
D’autres chiffres confirment cette courbe dangereuse. Selon l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, les agressions physiques contre ses propres personnels ont augmenté de 26% au cours du premier semestre 2010. Sur cette période, l'AP-HP compte 87 victimes de violences ayant entraîné une interruption de travail de plus de huit jours. De même, le Médiateur de la République, avait noté que les agressions contre les personnes avaient augmentés de 25% en 2009 dans les établissements assurés la Société hospitalière d'assurance mutuelle (assureur majoritaire dans le public).
Violences en psychiatrie
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Naturellement, ce sont
les établissements psychiatriques spécialisés qui ont les plus touchés. Ils représentent 12,6% des établissements participant à la dernière enquête de l'ONVH sur 2009 mais 28,2% des faits
enregistrés. Si on prend en compte les services de psychiatrie au sein des hôpitaux, on arrive à 39,4% des faits signalés. Parmi ces faits, 94,8% sont des atteintes aux personnes (contre 85% dans
l’ensemble des établissements participants) et 58,6% sont des violences volontaires directes non sexuelles (coups, crachats, bousculades…). Les auteurs sont à 92% des patients et les victimes
sont des personnels dans 77,41% des cas.
La situation demeure donc inquiétante, même si, par rapport à 2008, les agressions physiques ont baissé de 1% dans ces institutions. La sécurité des établissements psychiatriques avait jailli
dans le débat politique en 2004 suite au drame du Pau où une infirmière et une
aide-soignante avaient été tuées. En décembre 2008, après qu’un malade échappé d’un hôpital psychiatrique de Grenoble ait tué un étudiant, Nicolas Sarkozy avait annoncé un plan de sécurisation des établissements psychiatriques
de 30 millions d’euros. On attend de voir les résultats.
Car les personnels hospitaliers sont en première ligne dans ces incidents. Dans 64,76% des cas, ce sont eux qui interviennent seuls pour gérer un événement violent, Dans 72% des affaires, ils
reçoivent l’aide de la police et/ou du service de sécurité interne. La sécurité interne intervient dans 8% des cas, les forces de l’ordre dans 3,3%. Paradoxalement, les personnels en psychiatrie
sont plus autonomes (ou isolés, c'est selon) dans la gestion de la violence que dans les autres services. En effet, dans l’ensemble des établissements participant à l’enquête, les personnels
hospitaliers interviennent seuls dans 43% dans des cas, la sécurité interne dans 14,4% et les forces de l’ordre dans 8%, et ce, malgré un degré de violence plus élevé. Cela dit, la méthode «
musclée » pour assurer la sécurité dans les établissements psychiatriques fait débat dans les milieux médicaux concernés. Ceci pouvant expliquer
cela.
Peu de dépôts de plainte
L’autre service touché
par la violence concerne naturellement les urgences avec 14,76% des faits enregistrés. Dans ces services, 91% des actes signalés étaient des violences contre les personnes, 36,3% étaient des
violences volontaires directes. Cependant, le rapport note : « Ce pourcentage ne saurait être un juste reflet de la réalité dans le sens que les (services d'urgences) ont nettement tendance à
ne déclarer que des évènements particulièrement graves ou marquants, et ce en raison du nombre important d’incivilités quotidiennes subies ». Les auteurs sont à 62% des patients, 23% des
accompagnateurs. Un chiffre peu étonnant dans le cas où une personne réclame qu’un proche soit soigné au plus vite dans un service plus que surchargé. Les victimes sont à 91% des personnels
hospitaliers.
Mais cette violence est aussi marquée par des inégalités territoriales. Et les régions les plus touchées ne sont ni les plus peuplées ni les plus touchées par la délinquance générale. Dans le
classement, la Basse-Normandie avec 11,16% des faits enregistrés arrive en tête, devant la Picardie avec 10,14% et la Champagne-Ardennes avec 9,78%. Bien évidemment, le degré de déclaration dans
ces régions joue dans les différences de résultats. Pour autant, il n’est pas interdit de s’interroger sur les effets de la densité médicale, très inégale selon les régions. Par exemple, la Picardie ne
compte que 238 médecins pour 100 000 habitants quand l’Ile-de-France en compte 370 et ne pèse, avec une population bien plus importante, que 9,3% dans les statistiques de délinquance
hospitalière. D'où le lien entre état du système de santé et violence dans les hôpitaux. Ces derniers se trouvent plus facilement en première ligne pour de cas difficiles et des problèmes sociaux
plus importants.
La suite donnée à ces affaires est aussi intéressante. 86% ne débouchent... sur rien. 12% débouchent sur une plainte. Et bizarrement, ce sont les atteintes aux biens qui génèrent le plus de
suites judiciaires avec 51% de plaintes déposées, à l’inversé seules 8% des atteintes aux personnes entraînent un dépôt de plainte. L’ONVH note lui-même ce problème : « Cette constatation est
d’autant plus paradoxale que les atteintes aux personnes constituent près de 85 % de toutes les violences déclarées et que ces actes sont d’une certaine gravité : 53 % sont de niveau 3 sur 4
». Comme si les agressions étaient devenues banales pour les soignants.
Au final, ces chiffres mettent à jour trois phénomènes. D’une part, la
déconsidération de l’autorité médicale auprès d’une partie de la
population, au même titre que d’autres fonctionnaires comme les enseignants ou les policiers. Ils montrent aussi les effets pervers que peut entraîner la dégradation du service public. Mais
surtout, ils permettent voir que l’hôpital public est devenu le nœud de toutes les tensions de la société : celles liées aux problèmes sanitaires, aux difficultés sociales, à
l'insécurité urbaine voire même aux conflits interreligieuses ou communautaires. Tout cela dans un contexte de tension sociale. Une coordination nationale a d'ailleurs appelé à une journée
d'action le 2 avril pour la défense système public de santé. Les symptômes sont visiblement avancés, espérons que le malade ne soit pas en phase terminale.