Que font 1400 futurs médecins de toute la France, en séjour cette semaine à SuperDévoluy ? Ils se racontent des histoires de futurs médecins ? À
d'autres.
Une gigantesque fête qui a commencé samedi
Hier en fin de matinée, certains étaient bien prêts à chausser les skis. Tant bien que mal. Ces quelque 1400 étudiants sont tous logés à la même enseigne
: les chalets de SuperD. Une résidence de 240 appartements au pied des pistes de la station. Une résidence où une fiesta gigantesque a commencé samedi... et se poursuit jusqu'à la fin
de la semaine.
Et oui, certains sont prêts à chausser les skis. D'autres beaucoup moins. Dès le matin au réveil, on les croise, errant dans les allées de la résidence.
Ivres morts, ne tenant plus debout dans les escaliers. La verge qui dépasse du pantalon débraillé, ne se rendant plus compte de rien...
« Je n'ai pas gardé un très bon souvenir du critérium de pharmacie d'il y a trois ans »
Ça ressemble à un gigantesque n'importe quoi. De fait, la semaine est beaucoup plus encardrée qu'il n'y paraît. Service de sécurité avec 25 agents, poste
de secours, un service pour enlever les déchets de ces jeunes gens...
« Il était hors de question que je demande à nos services de le faire, » indique le maire de Saint-Étienne-en-Dévoluy Jean-Marie Bernard. « Ce n'est pas
la première fois que le Dévoluy accueille ce type de manifestation. Je n'ai pas gardé un très bon souvenir du critérium de pharmacie d'il y a trois ans. »
Le maire concède cependant qu'aujourd'hui « ces jeunes gens sont beaucoup plus structurés et au final, ça fonctionne. » Des réunions ont lieu
quotidiennement entre les pompiers, les services des remontées mécaniques, les services municipaux...
Si Jean-Marie Bernard n'a pas mis de terrain municipal à la disposition de l'organisation, la manifestation a pu avoir lieu grâce à un Tour opérator :
Travel Horizon, et sa succursale Totem Voyages.
« Un huissier passe avant le rassemblement et repasse après »
« L'avantage de la résidence, c'est qu'elle permet de réunir beaucoup de monde en un seul et même lieu, » explique sa responsable, Audrey Kuhn.
Et pour ce qui est des dégradations ? « Un huissier passe avant le rassemblement et repasse après. Quand il y a des dégâts, on a les mêmes cautions que
pour tous les groupes d'étudiants que nous accueillons tout l'hiver. Mais en général, il n'y a pas trop de souci. Ils rangent et nettoient avant de partir. »
Et il y aura du travail, à en juger par les odeurs de bière, d'urine, de vomis...
Et au milieu, une famille
Au milieu, une famille avec trois enfants. Ils vivent un cauchemar depuis samedi. « On ne comprend pas, remarque la mère de famille. Avant d'arriver, on
nous a dit qu'il y aurait du bruit et on nous a proposé d'aller ailleurs. Mais on a acheté cet appartement et on a un bail commercial avec Eurogroup, qui le loue quand nous ne sommes
pas là. Nous avons la cave à l'année. Toutes nos affaires sont ici, on n'allait pas aller ailleurs, » ajoute-t-elle.
Ses enfants ne dorment pas. Elle est au bord des larmes. « Ils sont bourrés du matin au soir, ils errent comme des zombis, il y a des préservatifs usagés
partout... On n'ose plus sortir de l'appartement. Et on ne parle pas des pistes parce que dans l'état où ils sont, il vaut mieux ne pas les y croiser. »
La jeune femme est excédée. « Quand on pense qu'on a là de futurs médecins... c'est incroyable. » Elle est d'autant plus énervée que, brandissant le
règlement intérieur de la résidence, elle ajoute : « et à nous, on nous demande "d'habiter bourgeoisement les locaux loués. Vous devez respecter le calme et le sommeil des autres
résidents". »
« Si on ne fait pas venir de gens, on est de mauvais gestionnaires »
Chez Eurogroup, qui gère de la résidence depuis la faillite de Transmontagne, Philippe Angel, directeur associé en charge de la communication remarque que
« au plus nous faisons de chiffre d'affaires, au plus les propriétaires touchent d'argent puisque le loyer que nous leur versons est indexé sur l'occupation. Si on ne fait pas venir de
gens, on est de mauvais gestionnaires. Mais quand ils sont là, on n'est pas contents non plus. On a averti tous les propriétaires qu'il y aurait cette semaine une manifestation
particulière... La très grande majorité a simplement apprécié qu'on les prévienne et a décidé de venir plus tard ».
Olivier BUTEUX
Paru dans l'édition 05A du 07/04/2009 (5f132de2-22cb-11de-8cc9-849c5d6ec166)